Vu de l’intérieur
365 exemplaires de ce livre paru aux éditions Donner à Voir dans la
collection des Petits carrés. Ce titre de Morgan Riet publié au printemps
retrouvé avec des illustrations d’Hervé Gouzerh est imprimé sur des
papiers recyclés, carta mia pour la couverture et bengali pour l’intérieur.
Poussière
Début d’après-midi :
passage
de l’aspirateur dans la voiture.
Très appliqué,
très absorbé dans ma tâche,
n’aspirant, par conséquent,
à rien
d’autre que l’air,
je touche,
malgré tout,
du bout
des
doigts,
cette idée têtue,
chue
entre les rognures d’ongles,
selon laquelle
tout,
à la fin,
ne serait que poussière.
… /…
Eh bien, voilà un recueil qui ne m’a nullement laissée indifférente ! Je l’ai relu, n’en croyant pas mes yeux de poète-lectrice-flaireuse de petits bijoux. La preuve ? « L’étendoir », ce machin chose que je manipule chaque semaine :
« Sur l’étendoir,
un jour de grand soleil
dans ma tête,
j’ai voulu faire sécher,
parmi les chaussettes,
un tas de très vieilles larmes
roulées en boules. » (…)
C’est le genre de page que j’adore. L’inattendu, le simple, la vie intérieure catapultée dans le monde ordinaire et qui s’y embrouille les pattes.
On en redemande. Nostalgie d’un nouveau Prévert ? Peut-être…
« Je crois/ que je serai satisfait de moi / le jour où j’aurai le sentiment d’écrire aussi bien / que je balaye les pièces de mon appartement. »
Merci de ces poèmes qui « récure[nt] le fond de la pensée » !!
Bien édité sur très beau papier vert avec de mystérieux dessins de Hervé Gouzerh, c’est un recueil qui devrait cartonner dans les collèges et ailleurs.
Béatrice Libert, Liège, ce 28 juin 2013.
Revue en ligne « Sources »
de la maison de poésie de Namur (Belgique)